Le train dans la Modification de Butor
Ce texte est la première mouture d’un article à paraître dans l’ultime numéro de la revue de pédagogie : Le français dans tous ses états. La version définitive en a été considérablement remaniée et occulte en particulier les relations Butor-Montaigne. Références suivront.
LE TRAIN DE LA RÉFLEXION
S’il fallait articuler La Modification aux perspectives d’étude des nouveaux programmes de Première un rapprochement de cette œuvre avec quelque essai de Montaigne ou de La Boétie pourrait constituer une perspective pertinente, nous faisant passer d’un mouvement littéraire et culturel du XVIème, l’Humanisme, à une persistance de ce même humanisme, tant dans le champ de référence que dans les enjeux objectivés du roman de Butor.
D’une part parce que, comme chez Montaigne, l’intertextualité antique et classique joue un grand rôle dans ce « nouveau » roman (dont l’étymologie renvoie à Rome) ne serait-ce que dans les allusions permanentes et récurrentes dans ce livre aux dieux de la religion païenne, aux tentatives avortées de Julien l’Apostat, et au culte de Vénus mis en opposition à la religion chrétienne et à ce qu’elle réprouve : le péché de luxure, l’adultère, la faute en général symbolisée par quelque pépin de pomme traînant sur une plaque chauffante…
D’autre part parce que s’y retrouve la même contradiction apparente que chez Montaigne dont l’un de ses essais porte témoignage. En effet, dans La Modification, un représentant de commerce de quarante-cinq ans renonce en cours de trajet à son intention de quitter définitivement sa famille parisienne pour s’installer avec sa maîtresse, qui incarne à ses yeux la ville romaine.
Or Montaigne, à qui Butor a consacré un livre (Essais sur les Essais), a vécu la même expérience, le même cheminement mental au moment où ont été rédigés la plupart des essais contenus dans le livre II, et plus particulièrement la curieuse « Apologie de Raymond Sebond » qui, à elle toute seule constitue un sixième du volume total des Essais. On est alors dans la période où s’exprime avec la plus grande acuité la crise dite « sceptique » de Michel de Montaigne. Or l’auteur de cette « apologie » aboutit en cours d’essai à énoncer le contraire de ce qu’il entendait démontrer (La thèse de Raymond Sebond relative aux prétentions humaines à justifier l’existence de Dieu par le seules armes de la raison au lieu de la foi, dans cette « Théologie naturelle » que son père lui avait recommandé de traduire et dont Montaigne conteste en définitive le bien-fondé). L’Apologie de Raymond Sebond est la meilleure illustration du scepticisme de Montaigne pourtant si proche de l’inclination stoïcienne de son unique ami véritable, Etienne de La Boétie, à qui des inscriptions dans la « librairie » rendent hommage, immédiatement sous celle concernant l’entrée en littérature du maître des lieux. Il serait évidemment tentant de montrer aux élèves comment le travail de l’écriture modifie le point de vue et donc que toute thèse apparente est contestable et peut être contestée de l’intérieur par son énonciateur même.
De même, dans La Modification, le travail de réflexion, modifie le point de vue de Léon Delmont sur les deux femmes qui peuplent son univers affectif, réflexion et modification que l’écriture d’une œuvre envisagée en toute fin d’ouvrage, finit par entériner. Quant au Contr’Un, on sait qu’il servit de moyen de propagande pour les huguenots, après la mort de son auteur, amputé et tronqué, à d’autres fins, comme le rappelle Montaigne dans son fameux essai sur l’Amitié, au chapitre XXVIII du livre 1, juste avant le centre vide du livre (il n’y a rien au chapitre 29 sinon une allusion aux poèmes d’Etienne de La Boétie). Et l’auteur des Essais de regretter que ce discours – qu’il qualifie de simple « essai »- n’ait pas été relu par son trop jeune auteur (seize ans !) qui aurait sans doute atténué la virulence de ses propos et du même coup les conséquences que l’on sait : sa récupération à des fins militantes. Enfin Butor incarne l’essor d’un nouvel humanisme aux dimensions du monde entier en ce sens qu’il pense que la littérature, et la sienne est imprégnée de culture universelle, peut améliorer la condition humaine. Comme Montaigne hanté par l’excès de précipitation et l’imprudence qui multiplient les maux au lieu de les guérir (« Je suis dégoûté de la nouvelleté… », Butor montre avec La Modification que le choix, souvent existentiel mais peu approfondi, de type sartrien, ne résiste pas toujours à l’examen de conscience. Pour que cette modification puisse avoir lieu, il faut du temps. Pour Montaigne c’est surtout du temps sédentaire. Pour Butor c’est celui du voyage. Mais dans les deux cas il s’agit d’une expérience « EN TRAIN » de s’effectuer sous nos yeux. La Modification a en outre l’avantage de montrer l’évolution du genre romanesque et la tentative, de certains écrivains du milieu du XXème, de raconter autrement. On sait que la totalité de l’ouvrage a pour cadre le compartiment 3ème classe d’un train. Trois extraits pourraient donner un aperçu pertinent des enjeux réels de ce roman d’autant que ce dernier est divisé en trois parties, l’une consacrée au départ pour Rome, la deuxième au passage de la frontière qui « vous » conduit De France en Italie, plus précisément de Paris à Rome où, paraît-il tous les chemins finissent par mener, le dernier évidemment à l’arrivée. Ces 3 parties sont elles-mêmes subdivisées en trois chapitres. Le début du livre coïncide avec l’entrée dans le compartiment, juste avant le départ de Paris : « Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant. » Inversement la fin correspond à l’arrivée à Rome et naturellement avec la sortie : « Le couloir est vide. Vous regardez la foule sur le quai. Vous quittez le compartiment. » Entre les deux, « en train d’union », si l’on peut dire, le voyage proprement dit, avec les changements de compagnons à chaque arrêt, les infimes possibilités d’action qui sont laissées au voyageur ayant choisi ce mode de locomotion : regarder, se restaurer, lire, réfléchir, se souvenir, imaginer, rêver.
Il serait intéressant de montrer comment les conditions du voyage ont changé depuis l’époque de Montaigne et comment, des centaines de kilomètres traversées, on ne perçoit pratiquement plus rien. Pour Butor il ne fait aucun doute que l’écriture est un voyage ainsi que le précise l’un de ses « essais » de Répertoire IV (p.9 Edition de Minuit) : : « j’ai toujours éprouvé l’intense communication qu’il y a entre mes voyages et mon écriture. » « Ecrire c’est voyager ». Symboliquement, il serait pertinent de choisir un extrait de la fin de la deuxième partie, le chapitre 6 particulièrement, parce qu’il correspond au passage de la frontière qui va de pair avec les premiers indices de « la modification » par rapport à la décision initiale, pourtant irrévocable, en début d’ouvrage. Ainsi, de la page 140 à la page 160 (cf. Editions de minuit) trouve-t-on relatées, plusieurs « scènes » laissant à penser que les relations entre les deux amoureux (le quadragénaire, Léon Delmont et sa jeune maîtresse Cécile) ne sont pas aussi euphoriques qu’aux premiers jours de leur rencontre, dans le train justement (P.56 Quand vous l’avez vue pour la première fois…), et qu’en définitive les dissensions de ce quadragénaire « pourri de christianisme jusqu’aux moelles… » (sic P.139, dixit, Cécile !) avec sa maîtresse romaine sont bien plus profondes que le lecteur, l’avait de prime abord supposé. Ainsi, à propos du Vatican les remarques de la jeune veuve se font-elles cinglantes et ironiques : (p.143 : « …tu devrais éviter les saluts du Saint-Sacrement comme la peste, ou bien alors va en voir un, en sentir, en savourer un dans ta chère église mais ne compte pas que je t’accompagne, je t’attendrai dans une trattoria pour te réconforter après cette atroce expérience… » Quelques pages plus loin, alors que Léon Delmont a eu la malencontreuse idée d’inviter sa maîtresse, Cécile, la romaine émancipée, chez sa femme Henriette, la parisienne coincée, la seconde lui fait l’éloge de la première et assène un nouveau coup de boutoir : « Elle a les idées bien plus larges que toi… » Et les deux femmes de devenir amies et de s’accorder dans leur mépris commun pour le protagoniste. Comme on le voit la structure du roman s’appuie sur une triade : Un homme et deux femmes mais aussi deux villes reliées par un train. Sans le train pas de possibilité de quitter l’une pour rejoindre l’autre. Qu’il s’agisse des deux femmes ou des deux villes. Or que se passe-t-il dans ce roman voué à la deuxième personne, le « vous » sécant en lequel lire à livre ouvert le voyage d’une conscience en éveil ? Il se passe que le protagoniste énonce une décision, la remet graduellement en question, finit par y renoncer. A cette nouvelle triade Décision-Interrogation-Renoncement s’en superpose une autre sur laquelle l’auteur s’est expliqué dans Répertoire I et II (Le Roman comme recherche; Réponse à Tel Quel), à savoir que la littérature est un instrument d’exploration, de dénonciation et de transformation du réel. La modification en est la parfaite illustration.
Or le chemin qui mène à Rome est un chemin de fer. Rien ne le fera changer de voie si l’on peut dire. De même une pensée qui ressent du malaise avec acuité, en ignore la cause, finira bien par la trouver, à son corps défendant, avec la même rigueur qu’un trajet soumis aux impératifs de l’espace et du temps.. La conscience « en train » de s’éveiller occupe la majeure partie du temps de voyage de notre infidèle représentant à se remémorer les tentatives de faire coïncider la ville et la femme aimée. Se révèle alors un recours à une nouvelle triade : Passé, présent, avenir ou si l’on préfère Souvenir, perception directe de la réalité (on est en pleine période « où la phénoménologie » domine la pensée philosophique), fuite dans l’imaginaire ou le rêve. D’où la pertinence du choix du train comme fil conducteur pour qui entend définir la singularité du genre romanesque pratiqué par Michel Butor dans les années 50, le choix de ce moyen de transport révélant les objectifs de ces écrivains qui entendaient susciter une modification du genre romanesque. Pourquoi le train ? Pourquoi pas la voiture ? Le bateau, l’avion (Notons que ce sera le thème de l’étude radiophonique intitulée Réseau aérien). Pourquoi pas la voiture ? Parce qu’en tant que conducteur on ne peut sans doute pas se livrer à l’examen intransigeant d’une conscience avec le minimum de concentration nécessaire pour ce faire, pour qui voyage en solitaire afin de mieux cacher sa double vie. Par ailleurs, le trajet par automobile est soumis à un nombre assez élevé d’impondérables (ralentissement, pannes, arrêts fréquents notamment la nuit pour dormir…), surtout à cette époque, où le train propose un espace-temps fluide, rythmé par l’indicateur de chemin de fer, chaque horaire, précis, correspondant à une ville traversée. Le bateau est trop lent (en admettant évidemment que l’auteur ait choisi un autre itinéraire) et il ne permet pas de jouer sur la valeur symbolique de la frontière traversée, ici la frontière italienne. Tout comme l’avion, trop rapide pour que puisse s’opérer un réel changement d’intentions.
Il est d’autres avantages : Le train, du moins celui de cette époque, suppose un huis clos, entrecoupé d’escales où peuvent descendre et monter un certain nombre de voyageurs, d’âge, de professions et de nationalités différentes. Cela signifie que le compartiment de chemin de fer représente un microcosme à partir duquel observer les attitudes, souvent stéréotypées ou conditionnées de nos semblables. Ou projeter aussi sa faculté de discernement et sa propre subjectivité car nous passons notre temps à interpréter le monde. On sait que le protagoniste de cette histoire, désigné par le « vous » initial, Léon Delmont, passera le plus clair de son temps à répertorier ses compagnons de voyage, à leur prêter des noms ou des types d’existence en rapport avec ses préoccupations, sa culture etc. car que faire d’autre dans un train à part lire, ce qui nécessite une disposition d’esprit dans laquelle ne saurait se trouver le protagoniste, en pleine crise conjugale, sur le point de quitter son épouse pour s’installer avec sa maîtresse et incapable de fixer son attention sur le roman de hall de gare qu’il s’et procuré machinalement au moment du départ. Comme quoi il y a livre et livre. Des livres qui distraient, des livres qui aident à résoudre les problèmes. Encore faut-il, pour ce faire, avoir le courage de les affronter.
Pourtant s’il l’avait ouvert ce livre acheté à toutes fins utiles juste avant de montrer dans le train, sans doute n’aurait-il pu se livrer à cette introspection ayant abouti à la modification. Certains livres font « passer le temps », comme dit Montaigne. D’autres accusent les travers du réel et nous prédisposent à les transformer. C’est cette conception de la lecture que conçoit l’auteur qui nous propose un autre type de voyage, une lecture dont l’enjeu soit la modification d’une réalité, cette dernière ne comblant pas les lecteurs puisque justement ils ont besoin de l’oublier en se distrayant grâce aux livres. Léon Delmont à la fin, ayant pris la décision de renoncer à ses escapades conjugales, a la ferme intention d’écrire un livre (la tiendra-t-il ?) : « Vous dites : il faudrait montrer dans ce livre le rôle que peut jouer Rome dans la vie d’un homme à Paris » (p.233) – On aura reconnu la « mise en abyme » analysée par Gide notamment – …et de tenter de faire revivre sur le mode de la lecture cet épisode crucial de votre aventure, le mouvement qui s’est produit dans votre esprit accompagnant votre déplacement de votre corps d’une gare à l’autre à travers tous les paysages intermédiaires. » D’une gare à l’autre. Le mouvement, qui l’a impulsé sinon le train ? Les élèves pourraient se voir invitées à lire les premières pages du livre, si possible sans en connaître le titre, à indiquer ce qui les surprend par rapport à leur expérience de lecteur, ce que cet incipit nous apprend sur le mode d’énonciation (l’intérêt illocutoire du « vous »), sur le point de vue (la focalisation interne), sur les marques de subjectivité face à l’espace perçu et notamment sur les premiers compagnons de voyage recensés, sur les préoccupations mentales du protagoniste, ses jugements sur ses proches, sur la double énonciation qui nous informe à son sujet, sur son univers de référence, notamment affectif et culturel, les premières analepses ou prolepses qui nous font sortir du huis clos apparent, enfin sur sa décision initiale de refaire sa vie les métaphores de la régénérescence ou de la lumière – but, or ! – devraient nous y aider.
Après avoir défini des hypothèses de lecture, relativement à ses retrouvailles avec sa jeune maîtresse, les élèves pourraient lire les quelques pages terminant le chapitre 6 de la deuxième partie (rappelons qu’il y a trois chapitres dans chacune des trois parties du livre) correspondant au passage de la frontière. Devraient s’y révéler les premiers indices des profondes dissensions opposant Léon Delmont et Cécile, notamment quant à sa perception de Rome comme ville de l’éternelle jouvence (p.144 : « Il y a des jours où j’en ai tellement assez de Rome… » dit Cécile). Quant au point de vue également sur sa femme, Henriette, évoquée par lui comme une « lourde ombre tracassière dont vous allez pouvoir vous se déparer de fait » et dont Cécile dit, alors qu’il a eu la malencontreuse idée de l’inviter chez lui, au sein du domicile conjugal : « Elle a des idées bien plus larges que toi… » (p.156). Enfin, et c’est le plus important, quant au refus obstiné de Cécile de comprendre l’intérêt de son amant pour le Moïse de Michel Ange, la chapelle Sixtine et tous les chefs d’œuvre de l’art chrétien qu’elle se refuse à visiter avec lui. Les élèves pourraient émettre d’autres hypothèses de lecture, notamment relativement au titre du livre. On pourrait également insister sur la longueur inhabituelle des phrases, liées à la fluidité de la pensée notamment quand elle n’est pas soumise à des interruptions verbales (car le huis clos est également mental. Delmont ne dit mot durant tout le voyage), et naturellement à la longueur même du trajet. Butor en donnera une version polyphonique dans un autre livre où le train joue un rôle capital : Intervalle. Les dernières pages pourraient montrer aux élèves la profonde évolution de la pensée de Delmont en cours de voyage, rythmée par les questions du mythique grand veneur, D’où venez-vous, Qui êtes-vous ? Où allez-vous ? emprunté d’ailleurs à l’époque de Montaigne.
En effet, en dernière instance, ce n’est pas l’image de Cécile triomphante qui apparaît mais celle de sa femme en jeune mariée, avec qui Léon visita Rome autrefois, à l’époque mussolinienne. Il se souvient alors de leur complicité et la revoit « s’esclaffant devant les bondieuseries des boutiques ». (p.235). C’est alors avec Henriette qu’il décide de poursuivre sa vie et, pour commencer, il envisage un nouveau voyage à Rome, afin de lui faire partager sa fascination pour le type d’existence, disons en gros épicurien, que suppose à ses yeux cette ville. On est en plein paradoxe et chiasme structurel (Henriette à Paris, Cécile à Rome, Cécile à Paris et, pour finir, Henriette à Rome). Inversement Le champ lexical associé à Cécile est particulièrement dysphorique : « la blessure est inguérissable, à cause de cette fausse cicatrisation prématurée qu’une gangrène s’est développée dans cette plaie intérieure qui suppure si fort, maintenant que les circonstances de ce voyage, ses heurts, ses mouvements, ses aspérités l’ont écorché. » (P.233). Au-delà de la métaphore filée, qui ne voit que le voyage, ici, en train, coïncide avec les soubresauts de la pensée, les rêveries de la conscience, la trajectoire mentale ? Enfin, il faut évoquer ce désir qu’a Delmont d’écrire, à l’attention de Cécile, afin qu’elle comprenne les raisons de cette « modification » dans leur projet commun.
C’est le livre même que Delmont projette d’écrire, grâce à ces machines à écrire qu’il représente et qui prennent enfin du sens à ses yeux, et c’est ce livre même que nous avons sous les yeux, comme si nous tenions sa place, celle de son interlocuteur, ce double de lui-même dont il cherche à consigner faits, gestes et pensées, de manière à écrire le roman d’une modification. Comme s’il se remémorait, en face à face avec lui-même, juge et accusé, témoin et acteur du drame, personnage et narrateur, les quelques heures qu’il vient de vivre en ce train où s’est transformé totalement le choix existentiel envisagé, avec quelle mauvaise foi, on peut témoigner. Ce qui arrive à Delmont pourrait arriver à chacun de nous, si nous prenions la peine d’examiner les raison profondes et les véritables enjeux de nos actes, si bien que ce « vous » c’est aussi un peu « nous », les lecteurs anonymes, c’est un peu « nous, « les « on ». Ces deux exemples, Montaigne (voire La Boétie) et La Modification de Butor pourraient déboucher sur un débat sur la promptitude ou pas d’une décision capitale à prendre. On pourrait leur opposer des contre-exemples : les décisions à l’emporte-pièce et irrémédiables. Que l’on pense au théâtre de Musset, à Huis Clos de Sartre, à Lafcadio… ou tout simplement à la brutale décision de retrouver Sylvie dans la nouvelle de Nerval… Le problème des choix, dans le monde où nous vivons, ne se pose-t-il pas chaque jour avec une insistance accrue ?