CANDIDE : CHAPITRE 30, DERNIERES LECONS

CANDIDE, écrit vers la fin de la vie de Voltaire, sa période pessimiste combatif.
Candide : d’un paradis illusoire (château) à un paradis dérisoire (métairie finale) en passant par un paradis transitoire mais aussitôt perdu (Eldorado)
Sous-titré, « ou l’optimisme », donc conte philosophique censé discréditer Leibnitz (Théodicée), Pope (« Tout est bien », et Rousseau (Lettre sur la Providence, scène des oreillons cannibales, épisode des singes amoureux).
Extrait du dénouement, excipit, au terme de terribles mésaventures arrivées à Candide (chassé du château, enrôlé dans l’armée, subit désastre de Lisbonne, obligé de fuir en Amérique, retrouve Cunégonde vieillie et esclave…).
Quel est l’enseignement que tire voltaire de ces malheurs qui discréditent l’optimisme (tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, leitmotiv de Pangloss) ?
Plan :

I) Des  nouveaux  personnages dans un cadre exotique
A) Les nouveaux personnages
Un derviche, sage oriental, donc détenteur possible d’un certain savoir, mais refuse de parler de questions insolubles sur  l’origine du monde (abstraites) et finit par refuser le débat.
Un vieillard turc, manifestement non spécialiste du savoir philosophique mais capable de réflexion intelligente et surtout ayant trouvé un art de vivre (par rapport aux grandeurs du pouvoir, par rapport à lui-même et sa famille).
Un nouveau Candide, capable d’observer et de réfléchir sagement.
B) Dans un cadre oriental
Exotisme prononcé du passage (noms propres)
Dans les mœurs (hospitalité, cruauté)
Dans les produits orientaux. Jardin d’Éden ?
II) Leur leçon :
A) Leçon du derviche
Rejet de la métaphysique (refuse à poser des questions métaphysiques trop subtiles pour l’homme)
Recourt à l’apologue, à décrypter : bateau, Hautesse, souris, Égypte : Déisme.
Rejette le dire (« Te taire ») : ce qui mettra Candide sur le chemin du « faire » cad le travail (ils s’ennuient).
B) Le vieillard :
Rejette lui aussi les questions inutiles mais plus actuelles et concrètes : le nom des vizirs ou muphtis.
Donne l’idée du jardin qu’on cultive, pragmatique.
Fournit une définition des avantages du travail.
III) Idées de Voltaire
A) Pangloss discrédité
Se fait réprimander par tout le monde (le derviche, le vieillard). Pose toujours des questions oiseuses. Donc n’a pas évolué et n’a rien compris. Et comme il incarne l’optimisme, rejet à travers lui de l’optimisme de Leibnitz, Pope et Rousseau.
Voit même en Candide un opposant (cf. sa remarque sur le mal, à l’attention du derviche, énoncée devant Pangloss). L’élève a dépassé le maître.
Toujours aussi pédant (5 propositions métaphysiques avec langage philo et loin des réalités du monde, toujours aussi curieux et bavard, toujours aussi vaniteux (porta la parole, je me flattais…). N’évolue pas.
B) Que veut nous dire Voltaire ?
Éloge du travail fondé sur l’esprit d’initiative, la recherche du bonheur familial dans une entreprise, ici agricole, utile à tous. Croyance en la physiocratie et ses vertus. Beaucoup de travail =prospérité même si petite propriété..
Un certain épicurisme sensoriel : avantages du progrès, du confort, du plaisir. Cf. le mondain.
Conseil de prudence, d’un certain isolement, indépendamment du commerce nécessaire (« je me contente d’y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive »). Avant-goût de la formule finale. + danger du pouvoir (cas de Voltaire lui-même). »