J’arrivais sur Copenhague J’étais très fatigué J’en avais plein les santiagues J’avais besoin de croûter J’avais fait du stop de Sète Jusqu’à Msterdam et Hambourg J’avais plus une cigarette Mais j’avais très faim d’amour Je repérais la fenêtre Où la femme de ma vie M’faisait coucou en cachette Quand soudain quelqu’un sortit J’étais trempé comme une rouille Faut dire qu’en ces temps si beaux Je ne bouffais que des nouilles N’avais qu’la peau sur les os Je portais pour toute fringue Qu’En bas, mon jeans déchiré, En haut mes cheveux cradingues Et l’odeur de mes deux pieds Bref me voilà l’invité D’un dîner chez des danois Pas question imaginez De mettre les pieds dans le plat

Y’avait deux tonnes de patates Autour du hareng fumé Des sandwichs crème d’anchoyade Et de l’eau du robinet Nan a dit : viens prendre une douche Je vais te montrer où c’est J’ai répondu héhéhé c’coup-là o, m’l’a déjà fait Elle a dit fais comme chez « tu » J’ai pas compris sur l’instant J’ai dit : mais à quoi penses-tu N’oublie pas qu’y a tes parents Elle expliqua à son père Que j’étais un type bien Vu qu’en haut du mont St Clair J’lui avais roulé un patin Le père m’a dit de m’asseoir M’a embrassé sur les cheveux De l’aquavit m’a fait boire Et a fait  » Skoll  » l’air sérieux Je m’suis dit adieu les moules Les huîtres et les bigorneaux C’est à ce prix qu’on roucoule Et qu’on convole tout là haut

Je pensais à mes copains Car j’en prenais pour perpette Fallait pas faire le malin Ni faire chichois baraquette Pour rentrer ce fut duraille J’avais même pas un rond Qu’Une bague de fiançailles Et un casse-croûte au saumon Mais J’avais ma p’tit danoise Et au fond j’avais de la veine Sauf que pour pas chercher noise J’ai pas vu la petite sirène Depuis j’ai deux beaux garçons Et un métier convenable Nan bosse à la maison Moi dans l’Educ nationale J’anglicise les Cévennes Sète ou le diable Vauvert J’ai dû faire une trentaine De bahuts pas tous pépér’ Me reste quinze ans à tirer Avant de me la couler douce De me mettre à cuisiner Sans des copies à mes trousses.

Envoi : Si quelqu’un d’assez malin M’achetait une cuisinière J’ferai la tambouille aux copains Septua ou octogénaires

Écrit pour les 5O ans de mon pote Jean-Pierre Goudard, sétois prof d’anglais, qui, comme on l’aura compris a épousé une danoise et s’est vu offrir, pour son anniversaire, une cuisinière identique à celle que l’on trouve dans les grands restaurants. Sur la musique du « Motorpsycho nigthmare » de Bob Dylan (son idole) interprété jadis en français par Hugues Aufray et que nous interprétons à l’occasion en duo..