DISCOURS SUR L’ORIGINE ET LES FONDEMENTS DE L’INEGALITE (ROUSSEAU). La grande révolution

Quand il écrit ce discours qui, en fait, possède toutes les apparences d’un essai (point de vue  non exhaustif sur un sujet donné), Rousseau n’a pas encore écrit  ses chefs d’œuvre pédagogique, romanesque ou politique (L’Emile, La Nouvelle Héloïse, Du contrat social). Il s’est fait connaître comme auteur d’un opéra et surtout par un Discours sur les sciences et les arts, couronné par l’académie de Lyon et qui déclenche une polémique puisqu’il y affirme que ces deux activités sont liées à nos vices et participent à la corruption des moeurs. Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes soutient la thèse paradoxale, des méfaits du progrès par rapport à l’état de nature, alors que la plupart des philosophes éclairés de son temps soutiennent l’idée de progrès.
Le DOFI : il est dédié à la vertueuse république de Genève, on y voit Rousseau cherche à retrouver l’homme naturel derrière les déformations qu’il a subies dans la vie en société, et qui expliqueraient l’inégalité.
Rousseau commence par distinguer « l’inégalité physique ou naturelle » et « l’inégalité morale ou politique » : l’objet de son discours est de marquer le moment où l’on passe de l’un à l’autre état.
Dans la première partie, L’homme naturel, il explique que « l’homme physique », primitif vit solitaire, oisif, dans l’instant et est peu sujet aux maladies car il est robuste, ni à la crainte car il vit dans l’immédiat.
Mais l’homme possède cette supériorité sur l’animal qu’est la « perfectibilité » (possibilité de s’améliorer, en plus de la liberté). La raison ne se développe que plus tard. Il ne connaît pas le bien ni le mal et est donc innocent. Par ailleurs il est doté de la pitié (il ne voudrait pas subir le sort de celui qui souffre) et de la conservation de soi. Mais des causes extérieures vont mettre à épreuve sa perfectibilité.
La deuxième partie, L’homme de l’homme, se présente sous la forme d’un récit. Rousseau imagine les commencements, quand l’homme a été amené à innover d’un point de vue technique (feu, hameçon, arc).
C’est alors que se produit la « première révolution » : les hommes vont se rassembler sous des abris et se mettre à vivre en commun. Le langage se développe. C’est la période la plus heureuse pour l’humanité, même si commencent à apparaître des défauts comme la vanité et la tendance à la comparaison avec autrui.
« La grande révolution » (cf. extrait) est liée à la division du travail, notamment quand certains hommes vont se mettre à travailler la métallurgie, d’autres l’agriculture. La propriété va naître du travail de la terre par les agriculteurs et l’inégalité va apparaître ; d’où les premiers brigandages et les guerres, entre les pauvres et les possédants, les premiers pour subsister se mettant souvent à dépendre des second, cad à travailler pour eux, aliénant ainsi leur liberté naturelle. Le paraître joue également un rôle important. Pour Rousseau, paradoxalement, le progrès nous éloigne du bonheur primitif, du bon sauvage.
Ensuite apparaît l’état social. Les riches institutionnalisent l’inégalité, imposent des lois pour les pérenniser et se servent des pauvres pour les faire respecter. Rousseau s’interroge ainsi sur l’apparition de la magistrature.
Surtout, et enfin, il explique que la dictature n’est pas naturelle, que la souveraineté appartient au peuple qui se dépouille d’une partie de sa liberté sous certaines conditions. Il est donc pour un système républicain.
Pour terminer Rousseau distingue trois époques dans l’évolution des sociétés : l’institution de la loi et droit de propriété (riche et pauvre), institution de la magistrature (puissant et faible), apparition d’un pouvoir arbitraire (maître et esclave). Le despotisme ramène la loi du plus fort : d’où la révolte.
Dans sa conclusion Rousseau oppose la vie du sauvage libre et tranquille à l’homme civilisé, esclave de l’opinion d’autrui.
L’extrait choisi se trouve donc dans la partie « l’homme de l’homme » : elle évoque la grande révolution, un peu après la première (grégarisation).
Il est subdivisé en quatre paragraphes plutôt théoriques mais illustrés d’exemples, dont on repère aisément la progression. Problématique : Qu’entend Rousseau par grande révolution et en quoi lui semble-t-elle importante ?

I) La grande révolution :

A) Comment définir cette GR ?

– Par l’apparition de techniques, au nombre de deux, modifiant les activités humaines. C’est dit dans le deuxième #, le plus court des quatre du texte, lequel insiste sur les deux activités humaines censées justifier l’apparition de l’inégalité, thème du discours. Elles sont évoquées dans la première phrase, de manière abstraite et générique mais dans la 2ème#, plusieurs fois : dans la distinction que Rousseau fait entre la façon dont les poètes désignent ces deux activités : « Pour le poète ce sont l’or et l’argent qui ont civilisé les hommes » (On parle en effet d’âge d’or et d’argent. D’où la fameuse exclamation de Voltaire dans Le mondain : « Ah le bon temps que ce siècle de fer !») et la façon plus pragmatique qu’ont les philosophes de les désigner : « le fer et le blé » (double métonymie pour métallurgie et agriculture).
-C’est surtout l’Europe qui bénéficie de cette nouveauté : Ce que précise la fin du 2ème#. Les deux termes, fer et blé (métonymies), pris au sens propre : l’Europe… si elle a été la plus vite civilisée, c’est qu’« elle est à la fois la plus abondante en fer et la plus fertile en blé » (recours au comparatif de supériorité). Pour Rousseau, la civilisation est donc liée à la connaissance et la maîtrise avancée de ces deux activités.
-D’autres peuples n’en ont pas bénéficié. Rousseau se livre alors à un pertinent découpage sur ce qui différencie la civilisation (l’Europe), des peuples barbares ou sauvages. Tout le centre du 2ème #, à partir du connecteur de conséquence « Aussi », établit une comparaison entre l’ignorance des uns (« inconnus aux sauvages » 21)  et la connaissance des autres (l’Europe). En effet, Rousseau oppose nettement les peuples d’Amérique à l’Europe, les uns étant demeurés « sauvages », l’autre « policée » ce qui veut dire civilisée, justement du fait de la méconnaissance ou au contraire de la connaissance (et exploitation) de ces deux activités (métallurgie et agriculture).
Entre les deux, il évoque les « barbares » qui sont à mi-chemin des sauvages (qui n’en connaissent aucune des deux) et des civilisés (qui connaissent les deux) : les peuples barbares « ont pratiqué l’un de ces arts sans l’autre ». L’idée d’abondance est traduite par la longueur de la phrase sur l’Europe, dans laquelle il établit nettement un rapport entre l’essor de la civilisation et la découverte de ces deux techniques. Les phrases sur les sauvages sont évidemment plus simples, plus courtes mais cela ne signifie pas que Rousseau privilégie l’Europe : il écrit seulement une phrase longue pour traduire la richesse de l’Europe liée à des particularités géographiques privilégiées, une courte pour la simplicité naturelle des sauvages.

B) Comme passage de l’état d’indépendance à celui d’interdépendance :

Cette grande révolution fait passer l’homme de l’état de dépendance primitif à celui d’interdépendance lié à la vie sociale et à la division du travail, concept essentiel pour lui.
– Les deux mots (indépendance et interdépendance) sont opposés dans le premier paragraphe. Celui-ci est composé d’une seule phrase, donc très longue, plus de 15 l, procédé assez rare : il s’agit donc d’une période, sur le modèle latin. On peut aisément  la subdiviser en deux sous parties : l’une qui montre les vertus (bienfaits, qualités) de l’indépendance primitive, l’autre les vices (défauts) de l’interdépendance. L’opposition est marquée par la conjonction, ou l’adverbe, « Mais » (l.11). On voit déjà nettement, à la disproportion des deux sous parties au bénéfice de la première (11 lignes pour la nature contre 6 pour la civilisation) de quel côté penche l’opinion de Rousseau.
-En effet les activités primitives sont associées au bonheur : elles rendent les hommes : « libres, sains, bons et heureux » (l.9). Plus loin ils sont censés « jouir… des douceurs »… Or le mot de la fin est « indépendant ». L’idée est en effet de prouver que l’homme primitif se livre à des activités individuelles, qui ne nécessitent pas l’aide d’autrui (qu’à des ouvrages qu’un seul pouvait faire (l.7) « qui n’avaient besoin pas besoin du concours de plusieurs mains »)
-Inversement l’interdépendance voit apparaître le malheur : ( l.11) : « dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre…» donc l’interdépendance est associée à « la sueur des hommes » (15), à « l’esclavage » et « la misère. » (16), précédé de « travail…nécessaire » (13) et même de  « l’égalité disparut ». Quand l’homme a divisé le travail, chacun s’occupant d’une activité particulière, ils sont devenus dépendants les uns des autres.
On note donc une antithèse très nette entre les deux états.

II) Comment sont apparues ces deux activités ?(Fer et blé)

A) La métallurgie :

      – Poursuivant son récit récapitulatif de l’évolution humaine, Rousseau imagine les diverses hypothèses qu’il réduit en fait à trois, ayant présidé à l’apparition de la métallurgie. C’est le sens du verbe « conjecturer » l.27. Comme toujours chez lui c’est le bon sens et l’observation de la nature (« l’idée d’imiter cette opération de la nature ») qui vont lui permettre d’avancer ses hypothèses.              
– Mais il écarte tout d’abord les deux autres hypothèses qui  viennent spontanément à l’esprit :
celle d’une invention spontanée par l’homme des bienfaits de l’exploitation des métaux : « il n’est pas croyable qu’ils aient imaginé d’eux-mêmes de tirer la matière de la mine… ». Elle est suivie d’une autre, plus plausible, « l’incendie accidentel », dont l’hypothèse est infirmée par la situation géographique des mines. (32-35).
Il faut pourtant bien trouver une raison et c’est après avoir écarté les deux premières hypothèses que Rousseau propose la troisième, faute de mieux comme étant la moins invraisemblable (D’où les réserves finales du passage : « Encore faut-il supposer… »).
-En fait, il n’en retient qu’une, avec beaucoup de prudence, la plus plausible, celle du « volcan » et « d’observateurs »  particulièrement inspirés. On notera que, très honnêtement, en fin de #, Rousseau indique lui-même les contradictions que l’on pourrait lui objecter « encore faut-il supposer… ce qui ne convient guère qu’à des esprits déjà plus exercés que ceux-ci ne devaient l’être ». En d’autres termes il ne retient cette hypothèse que faute de mieux. Avec des réserves.

B) L’agriculture :

– L’apparition progressive de l’agriculture : Vers la fin du texte, et du 4ème #, Rousseau imagine les premières étapes, rudimentaires de l’agriculture. Les instruments sont encore naturels « pierres aiguës », « bâtons pointus » même si leur choix témoigne d’une certaine ingéniosité progressive. Rousseau distingue les produits : d’un côté des « légumes et des racines » qui supposent un petit territoire, de l’autre « le blé et la grande culture, qui semblent plus importants et décisifs et vont aboutir à l’idée de propriété.

-Comme pour la métallurgie, il émet des hypothèses, cette fois relatives au retard pris pour la découvrir. Il se livre alors à une énumération des raisons de la découverte tardive de l’agriculture. : En fait, Rousseau cherche à expliquer pourquoi celle-ci a tant tardé à se développer. C’est le propos de toute la partie centrale de ce dernier et 4ème # : de la l.52 à la l.57. Chacune des propositions est introduite par le connecteur marquant l’alternative : « Soit que ». Rousseau suppose cinq raisons la dernière étant introduite par « enfin ».
-Il en recense cinq, placées en gradation et vont de plus en plus du côté de la vie en société : il évoque en effet :
Le fait que l’homme n’a pas besoin de cultiver dans la mesure où il peut « naturellement » subvenir à ses besoins de nourriture (cueillette, chasse et pêche l.53-54).
« L’ignorance du blé » (il n’existait pas partout. Il a fallu le rapporter de quelque part ce que semble signifier le mythe de « la toison d’or »).
L’ignorance en matière de métallurgie, ce qui explique que les deux techniques soient associées par Rousseau : « faute d’instruments pour le cultiver » l.55).
L’imprévoyance, caractéristique de la « vie immédiate » ou « dans l’instant » que vit l’homme primitif (l.56), idée déjà exprimée à la fin du # précédent l.41). Cette idée est reprise aussi dans la toute dernière phrase où il est précisé que l’homme primitif « a bien de la peine à songer le matin à ses besoins du soir ». Aussi peut-il difficilement concevoir de commencer par perdre (la semence) pour espérer récolter (l.62-63).
L’impossibilité d’empêcher autrui de voler les produits cultivés, en toute innocence puisque la terre appartient à tous. On voit se profiler le spectre de la propriété privée et des lois pour maintenir cette usurpation. Toutes ces raisons expliqueraient le retard pris par les hommes en matière d’agriculture, même si « le principe en était connu ».

III) Quelle est la position finalement de Rousseau ?

A) Il remet en cause le progrès comme source d’inégalité :

– Le propos a l’air neutre ou objectif mais, à y regarder de plus près il ne l’est pas vraiment. En témoigne, à la l.21, l’allusion au fait que le fer et le blé… auraient « perdu le genre humain », en contradiction donc avec toutes les théories humanistes et philosophiques qui définissent le bonheur de l’homme à partir de la notion de progrès. On comprend que Voltaire ne soit pas d’accord lui qui, dans Le Mondain, exalte « le luxe et même la mollesse ». Rousseau considère donc le progrès comme la perte du genre humain. Son discours est orienté et subjectif. Il met cette expression en parallèle avec « qui ont civilisé les hommes  et perdu le genre humain », le « et » semblant consécutif, donc un effet logique. Le début des malheurs.
-On le voit bien au milieu du passage sur la métallurgie (3ème). Rousseau glisse vers le milieu du paragraphe une pensée personnelle négative dans un discours apparemment objectif. C’est évidemment quand il évoque, l.26, en fin de phrase et au milieu du #, le « fatal secret » d’où va naître un progrès, indice pour lui d’un pas en avant vers le malheur et l’inégalité. On notera la référence, constante chez lui à la nature, quasi personnifiée, qui aurait tout fait pour que ce « fatal secret » reste caché (l.35 : « De sorte qu’on dirait que la nature ait pris des précautions pour nous dérober ce fatal secret »). En même temps, derrière son discours se cache en intertexte le mythe de Prométhée qui a apporté le feu aux hommes. Or Prométhée était un titan cad un géant fils du ciel et de la terre, vision poétique pour qualifier les volcans.
-Autre moyen de marquer la préférence de Rousseau : l’antithèse initiale, accentuée par l’emploi de deux connecteurs temporels contrastés : En effet, le texte commence par la conjonction de subordination « tant que » qui exprime la durée et qui se développe jusqu’ la ligne 11 donc. Il est d’ailleurs répété en anaphore dans le deuxième segment syntaxique (l.1-2), et repris à la ligne 6 quand Rousseau prétend résumer sa pensée « en un mot ». Inversement, dans la deuxième sous partie du #, le connecteur temporel utilisé est « dès que » qui traduit l’immédiateté de la métamorphose : « dès l’instant que », « dès qu’on s’aperçut… ». Les connecteurs temporels contribuent donc à nous faire sentir la pensée de Rousseau qui vise, par les procédés stylistiques et grammaticaux, à nous faire pencher du côté de la vie primitive puisque le bonheur y dure alors que la misère apparaît avec les premiers progrès.

B) La Nature faisait bien les choses :

Évidemment, Rousseau laisse entendre que la Nature, qui est le repère et le modèle de toutes choses, a tout fait d’une part pour maintenir l’humain dans un état d’équilibre primitif et heureux, d’autre part pour lui cacher certaines découvertes néfastes.
– Rousseau s’attarde en effet, dans le #1, nostalgiquement sur la période la plus heureuse de l’humanité, faisant durer le plaisir en utilisant des énumérations interminables d’activités primitives (« coudre leurs habits… se parer de plumes… perfectionner leurs arcs… tailler quelques canots »…+ l’amorce de la subordonnée «Tant que les hommes se contèrent de leurs cabanes… ») avec pour conclusion les bienfaits énumérés l.9. A l’inverse, il lui suffit de deux exemples beaucoup moins concrets (12-13) pour montrer l’immédiateté de la déperdition : « dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre, dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux ».
D’ailleurs un certain nombre de verbes renforcent cet effet de ralentissement, comme si Rousseau voulait retenir ce temps à jamais perdu : « se contentèrent, « se bornèrent » et ces êtres, modérés par nature, éterniser leur bonheur. Inversement les verbes utilisés en fin de textes expriment des actions rapides « l’égalité disparut » 13 (on notera la brièveté de ce segment entre virgules), parfois assortis d’adverbes (« on vit bientôt » (14). Tout dès lors se met à bouger, ce qu’indiquent les deux derniers verbes du # : « germer » et « croître », employés au sens propre et figuré en zeugma (« esclavage croître avec moisson »).
-Mais dans le cours du #, on passe du concret, fait de simplicité « grossiers instruments », de nature « pierres tranchantes », de besoins primitifs (abris, chasse, pêche) à des termes abstraits comme « égalité » ou « propriété ». Rousseau sait décidément l’art de présenter les choses, de telle sorte que l’on adhère à son point de vue, en structurant son texte pour que le bonheur primitif soit opposé à « la misère » qui le suit. Une phrase va servir de transition avec le #2 : celle où il est précisé que « les vastes forêts se changèrent en campagnes riantes », qui nous amène à l’invention de l’agriculture et à celle conjointe de la métallurgie (pour labourer ou couper les arbres). Le problème, c’est qu’il va falloir les travailler… Et se diviser le travail (cultiver, exploiter la mine pour fabriquer les outils).
– Du point de vue des champs lexicaux, si l’on regarde en détail le texte, on notera bien sûr celui, permanent, de la nature comme bienfaisante. C’est elle qui aurait suscité l’ingéniosité humaine (« l’idée d’imiter »). Car pour Rousseau, la nature fait tout naturellement (« le volcan » qui vomit « des matières métalliques en fusion »), ce que l’homme a dû apprendre au terme de bien des années d’observation, preuve que les hommes d’alors n’étaient pas pressés de se précipiter sur les voies du progrès, comme s’ils pressentaient les malheurs à venir. Preuve aussi que la nature, qui fait bien toutes choses (cf. lettre sur la Providence), est plus ingénieuse que l’homme et qu’il a fallu qu’elle donne un sérieux coup de pouce (« la circonstance extraordinaire » l.37) à celui-ci pour qu’il accède à ses connaissances souterraines (chthoniennes). Car l’homme à l’état naturel, sans besoin particulier, n’est pas doté de ce que nous appelons des qualités (l’ingéniosité, l’imagination, la prévoyance..) comme si « on » avait voulu le préserver de la voie sur laquelle il allait s’engager (et que dénoncent tous les mythes ou textes fondamentaux : Adam mangeant la pomme, Prométhée…). Dans le # 4, nouvelle référence à la Nature qui sait faire ce que l’homme aura bien du mal à imiter : « les voies que la nature emploie pour la génération des végétaux ». Ici encore les hommes doivent d’abord l’observer (« le principe en fut connu avant que la pratique en fût établie ».), étant donné leur besoin constant d’y recourir pour s’en nourrir.

Conclusion : un texte à thème et à thèse clairs et qui s’inscrit en paradoxe avec les idées reçues. Qui pose la question du bonheur pour l’homme, les méfaits de la division du travail et de la grande révolution, et invente des hypothèses relatives au paradis naturel perdu,  pour y répondre.
Réponse problématique. Élargissement.

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