Ce roman raconte en fait deux histoires, peut-être même trois. Il est écrit en étroite collaboration avec la fille de l’auteur mais laissons celle-ci présenter comme bon lui semble le roman en question.

Qu’avez-vous ressenti en découvrant votre nom sur la couverture du livre ?

Ma réaction peut paraître étrange, mais je suis d’un flegme étonnant à ce sujet.Lorsque votre père est écrivain et qu’il mène plusieurs autres activités, sortir un livre vous paraît presque normal ! Je n’ai peut-être pas encore réalisé ce qui m’arrivait, et ma réponse pourrait être différente lorsque la machine sera lancée. Mais pour l’instant, tout me semble si irréel…

Que raconte « votre » histoire ? Il y a deux histoires parallèles. Tout d’abord, il y a celle de Kim, une jeune fille de treize ans « et des poussières », qui revendique auprès de ses parents « son droit à l’émancipation durant les vacances ». Le père décide alors de raconter à sa fille une autre histoire, en fait sa propre enfance. En particulier comment son père à lui a mystérieusement disparu un beau jour sans laisser de traces. Mais, petit à petit, ces deux récits vont se mêler…

De quelle manière avez-vous travaillé ensemble ?

Lorsque mon père a commencé la rédaction de ce livre, il y a deux ans, j’étais une pré-adolescente. Son but était entre autres d’écrire un livre sur la différence entre le Montpellier d’hier et celui d’aujourd’hui. Cette histoire a alors commencé à germer dans sa tête. L’idée n’est donc pas de moi. Il n’était d’ailleurs pas prévu au départ que nous l’écrivions à quatre mains, mais il me demandait tout de même des renseignements sur les tendances du moment, sur le « jargon » des jeunes… Je me suis intéressée progressivement au projet, et je me suis identifiée à l’héroïne qui me représentait telle que j’étais à l’époque. Je rectifiai les passages où il faisait intervenir Kim, en fonction de ma vision des choses. Nous avons dû interrompre durant un an cette rédaction, mais quand nous l’avons reprise, « aïe », Kim ne me ressemblait plus ! Normal, j’avais évolué d’une année. J’ai donc tout réinterprété avec ma vision de jeune fille de quatorze ans. Au bout du compte, la Kim actuelle me représente définitivement à cet âge, car lorsque j’ai approché de mes quinze ans, j’ai cessé de m’identifier elle, à présent trop puérile pour me correspondre. J’ai cependant continué d’ajouter mes notes personnelles, mais pas avec ma vision actuelle : j’ai tenté de me remettre dans la peau d’une jeune fille âgée d’un an de moins. Nous décidions ensemble, mon père et moi, des péripéties possibles, mais c’est lui qui s’est coltiné la majeure partie du travail. Quelquefois, il voyait si juste dans les réactions de l’héroïne que je n’ avais pas besoin de m’occuper du cas de Kim !

Quel est le lien entre les personnages du livre et vous deux ?

C’est à vous de voir. Bien qu’il s’agisse d ‘une fiction, je dirai simplement, que dans mon cas, je me suis chargée de façonner un personnage de ma tranche d’âge, il est donc envisageable qu’il y ait un lien entre elle et moi, bien que ce soit une réalité passée d’un an. Mon père, lui aussi, a tenté de décrire une époque, une atmosphère vécue. Lui avait en tête des images authentiques, au niveau des décors du moins car il ne s’agit pas d’une autobiographie.

Tout cela vous aura-t-il ouvert à l’écriture ?

Pensez-vous écrire à votre tour ?

A écrire des romans ? Je n’ai aucun projet en tête, mais je ne dis pas que je ne serai pas inspirée un jour ou l’autre. A vrai dire, je ne me sens pas assez mûre pour commencer, en sachant de surcroît, que même si j’en avais la volonté, mon rythme de travail comme lycéenne ne me le permettrait pas : cette expérience littéraire m’aura appris qu’écrire n’a rien de facile, et que c’est réellement prenant. En revanche, j’ai toujours aimé écrire des chansons dont je compose les mélodies. Je m’efforce de composer dans un style poétique, j’utilise beaucoup de métaphores, mais je n’ose parfois pas appeler ça « poésie ». A ceux qui m’écouteront de juger.

Est-ce bien vous qui avez répondu à ses questions ?

Oui. Mon père m’a même laissé rédiger les questions qu’il m’a seulement soumises. Mais je suppose qu’il aura corrigé mes quelques fautes d’inattention ou certaines maladresses… Un peu comme lorque nous travaillions au roman. Qui parle au fond ? C’est la question du livre. BTN/BTN

SECRET DE FAMILLE de Béatrice et Bernard TEULON-NOUAILLES. L’Harmattan-jeunesse. 182P. 15,25E