Roman paru aux Editions Climats en avril 95.

Cette chronique d’un suicide annoncé se veut l’interprétation contemporaine du mythe d’Antigone. L’héroïne en est une adolescente qui voit le voile des apparences se déchirer petit à petit jusqu’à l’inéluctable. Swannie refuse ainsi le monde réel, le monde des adultes, dont ses parents, déifiés, lui fournissent une image trop parfaite pour qu’elle puisse espérer la pérenniser dans l’âge qu’on dit de raison.

Construite sur le modèle d’une tragédie classique cette chronique reconstitue les trois dernières semaines de la vie de cette jeune élève. Le chiffre trois, à l’instar du trio d’inséparables maintenant une lueur d’espérance dans l’enfer vécu par la jeune fille, structure le livre, des signes avant-coureurs de l’exposition jusqu’à épilogue final. Chacune des trois parties est ainsi divisée en trois chapitres de cinq longs paragraphes – cinq comme les doigts d’une main, ou les continents que le trio a traversés…

La figure du père, incorrigible anglophile, mythomane sur les bords, joue un rôle capital en ce sens qu’à travers son délire anti-français, c’est une satire indirecte de nos moeurs égoïstes qui se fait jour. Au demeurant certains passages du livre ne sont pas faits pour engendrer la mélancolie…

La syntaxe volontairement dépouillée de ce roman cadre avec la personnalité de la protagoniste, nouvelle arrivante en France et peu apte à maîtriser toutes les ressources de notre langue, qu’elle apprend toutefois avec la méticulosité qui sied à une jeune fille de bonne famille, quand elle ne se laisse pas aller à un jugement radical sur ses contemporains. Le choc des cultures est d’autant plus difficile à supporter que celle-ci a passé la majeure partie de son enfance dans quelque paradis des Antipodes.

Inspiré d’un fait divers ayant touché de plein fouet l’auteur de ces lignes – qu’on ne confondra pas avec le narrateur tirant les leçons de la tragédie en fin de volume – cette histoire terrible se veut avant tout un hommage à tous les êtres dont on n’a pas su déceler à temps les drames secrets et à côté de qui l’on est passé, sans soupçonner que leurs jours étaient comptés et qu’ils nous laisseraient de ces regrets qu’on dit éternels…

Doit être commandé en librairie,168 pagess, 90 F.