1ère version
Comment dire la présence de l’herbe
Faut-il la joue frôlant la touffe folle
S’évertuer à en souligner la simplicité
De mendiante aux mains suppliantes
Et les yeux toujours tournés vers un improbable salut
Qui lui viendrait elle qui verdoie comme une flamme
Du bleu d’un été sans fin
Se cantonner à la solitude du brin
Toujours prompt à courber l’échine
Dès que la brise l’éprouve
Comme pour lui insuffler
La dignité du redressement fatal
Et sa fine cannelure
Qui rivalise avec les cimes dans l’aigu
Quand elles se font poème
La saisir à pleine main
Dans le but objectivé de la déchirer
Seul moyen d’en pénétrer l’essence
Et de la conduire sur les voies de l’Être
Dessein risqué
Car l’herbe a du répondant
Et c’est la main parfois
Qui de son suc jaillissant
Fait l’essai de l’accident
Qui révèle l’Être
Attendre qu’elle sèche
Dans l’alchimie des combustions éternelles
S’agirait-il dès lors du même sujet
Cette herbe pourtant je la veux perpétuer
L’espace d’un instant
Mais l’arracher de la terre
N’est-ce pas la détruire
Pour la restituer sous une forme abstraite
Dans le leurre des mots de bonne foi
Et comment dire son caractère épars
Existe-t-il des mots pour dire les choses dans le détail
Dans leur continuité foncière
Dans leur profonde unité Première
Qui confine au néant
Sans qui ne se poserait point précisément
La question de l’être
De même que les étoiles ont besoin de la nuit
Pour nous délivrer la parole
Et sa lumière crépusculaire
Non décidément non
Je crois que le seul moyen de dire l’herbe telle qu’elle est
Sans la consumer
Serait encore de la peindre
2eme version
Comment dire la présence de l’herbe
Faut-il la joue frôlant la touffe folle
S’évertuer à en souligner la simplicité
De mendiante aux mains suppliantes
Les yeux tournés vers un improbable salut
Qui lui vient flamme verdoyante
Du bleu d’un été sans fin
Se cantonner à la solitude du brin
Toujours prompt à courber l’échine
Dès que la brise l’éprouve
Comme pour lui insuffler
La dignité du redressement fatal
A sa fine cannelure
Qui rivalise avec les cimes dans l’aigu
Quand elles se font poème
La saisir à pleine main
Dans le but de la déchirer
Seul moyen d’en pénétrer l’essence
Et de la conduire sur les voies de l’Être
Dessein risqué
Car l’herbe a du répondant
Et c’est la main parfois
Qui suc jaillissant d’une rupture
Fait l’essai de l’accident
Qui révèle l’Être
Attendre qu’elle sèche
Dans l’alchimie des combustions éternelles
Que les mots ne sauraient pénétrer
Cette herbe je la veux perpétuer
L’espace d’un instant
Mais l’arracher de terre
N’est-ce pas la détruire
Pour la rédimer sous forme abstraite
Dans le leurre des mots de bonne foi
Et comment formuler son caractère épars
Existe-t-il des mots pour dire le détail des choses
Dans leur continuité foncière
Dans la prime unité
Qui confine au néant
Sans qui ne se poserait point
La question de l’être
Etoiles en mal de nuit
Délivrant la parole
En sa lumière crépusculaire
Y laisser l’empreinte de son corps
Creuse un néant dans le lit du signe
Non décidément non
Dire l’herbe telle qu’elle est
Sans la consumer
Suscite le désir de peindre