J’ai vécu longtemps
Sans doute en dehors du temps
Dans le manoir de ma mémoire
Dans la chambre aux souvenirs se profilait une porte
Jamais on ne l’ouvrait mais elle donnait sur un grenier
Et le moindre bruit là-haut m’effrayait
Rats et hiboux vents et fantômes
A présent je la regarde de haut je la saisis à bras le corps
Je l’enveloppe et te l’arrache de la pièce
Et c’est la porte que j’expose en ce poème
Dans la tour renaissante d’un passé révolu
J’ai jadis imaginé cet escalier à vis
Qui existait du temps où Rabelais
Séjournait dans ma ruelle
En lieu et place de la salle des bains familiaux
Cet escalier je m’en vais le mettre à plat
Et l’emporter par devers moi
Et l’accrocher sur le plan du poème
Dans le grand salon de l’oubli se découpait une fenêtre
Combien de fois m’y suis-je penché
Inconscient du danger
A la limite de la chute
De là proviennent mes vertiges
Et mes phobies et tous mes doutes
Mais je m’en vais nous la cerner
La diviser la déchirer
Et la suspendre à ce poème.
En ce poème
Notre poème
Nous fûmes deux que je maintiens
(Texte écrit en pensant à Max Charvolen et illustré par ce dernier).