A travers l’image fanée
D’une plage de rêve
A l’ombre d’un parasol radieux
Deux jeunes filles  pensaient

Et c’étaient comme de longues coulures d’abandon qui dégoulinaient de leurs nattes mouillées

L’une à ses boucles d’oreilles toutes sanglantes de lune
Masquant ces flux imprécis qui la nuit la submergent
Au-delà des horizons si vagues que la lumière aveugle
Derrière les souvenirs flous de ses primes émois
Malgré l’indécision d’un sol dont il lui faut s’abstraire
Sous la coupe des parents qu’on expédierait au diable Vauvert
Dans l’enchaîné fondu de confus amis à oublier déjà
Et à cette incertaine fortune qui tourne et puis s’arrête
Loin des graves tracas qui vous tachent l’enfance
Et en font un tableau qu’embrume la mémoire

L’autre n’écoutait rien
Pas même ses battements intimes
Elle regardait à quelques mètres
Sous un palmier constellé de rubis
Abandonnés
Deux beaux enfants suçant leur pouce
Et qui semblaient l’accueillir du regard

Livre d’artiste paru aux Éditions Rivières et illustrations d’Estelle Contamin