L’ombre s’est écrasée sur sa proie
Peut-on dire cette proie fut écrasée d’ombre
Il lui arrive de glisser des murs au sol
Ou des murs au plafond
Comme avide de latitude
Elle y abandonne un peu ses couleurs
Un peu de ses formes
La couleur se forme sur le corps du peint
C’est sans doute parce qu’à l’origine
Il y eut cet insigne écart
Ce déni de la coïncidence
Cette inadéquation de l’homme à l’homme
Et de l’ombre à la proie
Du sujet à l’objet
Cet espace qui sépare à jamais du désir assouvi
Qu’aujourd’hui encore
Des toiles se recouvrent
Jamais dans la lumière pure
Jamais dans la nuit absolue
Toujours à côté Toujours à jamais Toujours en quête de proie où se réfléchit l’ombre
(Texte sur Jérôme Dupin, paru aux Eds Rivières)