Gratter puisqu’il faut gratter gratter jusqu’à plus d’ongles gratter à pleine mains
Gratter la terre c’est sur elle que nous reposons lui faire un immense trou qui devienne un abime
A la recherche de mémoire en quête de l’objet perdu dans l’attente d’une espérance
D’une perle égarée en plein exil barbare
D’une boucle martyre aux colères stériles
D’une carte éloignée de contours effacée
Creuser puisqu’il faudra creuser creuser jusqu’à plus soif creuser de tous ses bras
Creuser la tombe c’est elle qui nous rafraîchit de ses odeurs sereines creuser vers le cœur de tout vide
Et savoir s’en souvenir connaître le fin mot de la conscience dans l’espoir d’une ultime attente
J’ai dû la perdre tout en marchant
Mais qu’avais-tu donc fait qui mette en cet état
Y aller certes mais sait-on jamais où
Oublier puisqu’il est dans l’ordre des choses d’oublier jusqu’à ne plus cerner le sens de l’oubli même
Oublier le monde c’est sur lui que nous nous appuyons pour ne point céder aux vertiges de l’absence
Jusqu’à en perdre la tête qu’elle rejoigne l’univers qu’elle trouble de sa présence pensante
Sans doute j’en avais une mais quoi
La rage me tourmente et ne sais contre qui
Quelle contrée déjà tout cela est si loin
Effacer tant qu’il reste à effacer les choses à effacer les têtes à effacer les mondes à effacer
Effacer les mots c’est le privilège de l’écrire effacer ce qui tend à se vouloir poème
Pour ne plus rien avoir à dire pour ne plus rien avoir pour ne plus rien pour ne plus
Efface
Effaçons
Effacé
Voici la version première d ece texte :
DEBRIS
Gratter
Gratter la terre
A la recherche de mémoire
D’une perle perdue en plein exil barbare
D’une boucle martyre aux colères stériles
D’une carte éloignée de contours effacée
Creuser
Creuser la tombe
Et savoir s’en souvenir
J’ai dû la perdre tout en marchant
Mais qu’avais-tu donc fait qui me mette en cet état
Y aller certes mais sait-on jamais où
Oublier
Oublier le monde
Jusqu’à en perdre la tête
Sans doute j’en avais une mais quoi
La rage me tourmente et et ne sais contre qui
Quelle contrée déjà tout cela est si loin
Effacer
Effacer les mots
Pour ne plus rien avoir à dire
Efface
Effaçons
Effacé
Je dédie ce poème à mon ami Marcel Séguier , décédé le 7 juin 2017.
Il a été publié par les Eds Rivières avec illustrations de Valérie Causaz.