DU COTE DE COMBRAY
Dans les coquilles de mémoire
J’ai provision de souvenirs
Dont un d’une saveur d’or
Je lisais sur le banc le dimanche au jardin
Et j’étais un autre être
Plus clair que tous ceux d’ici-bas
Dont j’ignorais les vraies natures
Pétries du temps qui nourrit et détruit
Le roman semblait si vrai sous le marronnier
Que je n’entendais plus la cloche du dîner
La tour au nom en couleurs
De cheveux qui rêvent
Et la Dame que j’étreindrais
Mais qui jamais n’apparaissait
Dans l’eau vive qu’en ruine
L’énigme des frais colombiers
Tout au bord d’une eau qui dort
Sans doute deux amis d’antan
Qui se retrouvent au pré
De nos ravissements
Une barrière ouverte sur un rêve de lilas
Dans les odeurs d’épines roses
Et les jeux d’eaux irisées
La promesse d’un signe
Ou le nom d’un cygne
Une image se fait personne
L’étroite rivière et son mystère originel
O la descendre à ma guise
Et suivre le chemin du ciel qui file
En emportant dans ma dérive
Quelques spectres d’arbres oisifs
Dans l’âme de l’église s’insinue sa conscience
Mais peut-être n’évoquai-je que le couronnement
De cette idée qu’il faut préserver dans son for intérieur
Un grand morceau de ciel au-dessus de sa vie
Poème sur sept photographies proustiennes de Jean-Pierre Loubat, édité par ses soins et manuscrits.