I) DECRITURES (Paola di Prima)
Le regard du phénomène
Sur l’absence
La pellicule
Blanche
S’affaisse
L’œil-je à la limite
Un autre qui serait
Avant l’écriture
Une écriture
Le sexe de la mort à son image
Une autre mort que celle aussi
(Volonté déviée vers
Si la vie
Mais faible
Ou
Vers si la mort
Mais plus
La pellicule de
M…
Ou
La fausse mort du souvenir
Je parle !)
Et voyeurie du dernier lecteur
De l’avant-dernier vide
Aveuglé par la grâce
Derrière son anéantissement
Rupture déjà facile
Que dénigrer et renier cet accord
«JE » (à l’accent circonflexe)
Balbutiements blancs
Renvois imprimés
Mormorythmes
II) POTLATCH (Sylvie Deparis)
Les chaînes imaginaires
Se fondent en silence
Où le regard découvre
La brûlure inconnue de sa mort
L’espace d’un sabbat interdit
Imprimé de liqueur séminale
Dès lors il ne reste du rêve
Qu’une ombre de trémail
A l’image de l’œil
Qui pour s’en libérer
Sonde l’abondance
L’autre œil sur le désir
Se love
En attendant la fête sublime
La mort aussi s’apprend
Et le plaisir éternel du don universel
III) SOUVENIR DES CEVENNES (Marie Warscotte)
Il suffit du souvenir
De sa petite mort
De son langage
RESURRECTION
PASSATION DE POUVOIR
Dont les racines galvaudeuses fomentent un autre enracinement
Pour empaqueter ces bonnes vieilles
Profondément destinées
Comme on enterre l’hiver
L’inconnu n’est que la résurrection qui porte un visage
Une mer du sable et ce vide signé
Qui le cachent
A l’image de ces ruptures sanguines avec l’arbre
LE DESERT AUSSI SE TRANSBAHUTE
Comme un entonnoir à l’envers
Comme une verge
De l’infinie boursouflure au grain de sable
Alors
Qu’est-ce que vouloir ce qui est
Petite fille
DU NEANT A LA VIE
C’EST DONNER A CONNAITRE
Son désert
IV) VIENS MA BRUNE (Martine Lafon)
La nudité des dunes ravale sa solitude
Où certaines s’exhibent
Quand d’autres jouent les voyeurs
La mer c’est la nausée du désir
Où les rochers ne jouissent plus
Que d’un miroir
Qui pourra sonder le savoir du scorpion
Qui brûle devant lui
Prométhée n’est qu’une femme en gésine
Et son suicide un aveu
Si ça se déroulait ainsi
Le souvenir du fauve solaire
Ou l’éternel frisson de la vague à son ventre
Trahirait une caresse de dard
V) DANS LE VERT DE SES YEUX (Véronique Reinaud)
L’éternité pointe sa bille au style
Qui roule ma bosse entre un verre de gin
Et l’encre de la pensée où sèche une mini-jupe
Qui coule comme le sang bleu du rêve
Tandis que je découvre l’inessentiel
Le charbon de tes yeux fait des mines sous mes doigts
Je voudrais écrire vert-khôl
Mais l’encre jetée sur du papier glacé
Altère la feuille vierge
Et d’un arc en ciel fabuleux
Il ne reste rien
Qu’un feu d’artifice bleu
Ces cinq poèmes ont été publiés par les Eds Rivières avec des illustrations de Paola di Prima, Sylvie Deparis, Marie Warscotte, Martine Lafon, et Véronique Reinaud.