CARTELS POUR ALINE

 

Au passé du fier vaisseau que la capitale s’était attribuée comme emblème

Se mêlent les brûlures et cicatrices du présent encor à vif

En prévision d’un avenir incertain mais sur lequel on veut miser.

On trouve ces trois époques sur le plan du tableau qui fonctionne à l’instar d’un rêve ou de l’inconscient qui ne s’embarrasse pas de hiérarchie. Y règne la compossibilité spatiale et temporelle…

Le destin touche parfois les grandes choses du monde que l’on croyait immuables pour frapper les esprits de tous et les ramener à plus de réalisme sur la véritable valeur de la condition humaine.

Réduire le gigantisme trépidant de la Babel moderne à l’espace forcément limité d’un tableau, c’est en quelque sorte se l’approprier, lui apporter une dimension plus directe et en définitive l’humaniser.

Ramener à portée de main et de regard la grande métropole qui vous écrase dans le réel, c’est inverser les relations traditionnelles avec elle. Et faire de notre humilité par rapport à elle, notre grandeur : celle de la création artistique.

La présence de visiteurs, sur la surface du tableau, établit un trait d’union avec le monde réel. Ils invitent à la communion car nulle œuvre n’est dénuée de spiritualité. Surtout là où le réel en manque…

La Nature parfois reprend ses droits au sein de la mégapole et ses architectures démesurées. Elle renvoie au passé ancestral et qui sait, à l’avenir, qu’il soit utopique ou teinté d’apocalypse. Elle remet les choses et entreprises humaines à leur vraie place. Elle évoque la vanité des choses humaines et le caractère éphémère de ce que nous prenons pour stable et intouchable.

La matière picturale, dans ses strates diverses, suscite une recomposition du réel. Elle relève d’une alchimie du geste/De la geste picturale. Et par là même se veut transmutation d’une dimension profane à une révélation du sacré.

La grande dame de fer, la tête dans les nuages, se sustente de matière picturale. Cette opération lui remet les pieds sur terre. Elle devient en quelque sorte une créature de l’artiste. Personnaliser, c’est humaniser.

 

Pour Aline Jansen, cartels d’Art-Montpellier