L’ENVERS DU DECOR pour Jean-Marc Saulnier
L’envers du décor
A travers les volets entrebâillés
De la croisée demi-fermée
J’ai vu le livre de la jungle
Ses singes au cri perçant
Et face à l’envers du décor
La fuite effarée d’une fillette
Quand la fenêtre est de guingois
Le monde entier se change
La Terre y reprend ses droits
L’on s’y révèle plus discret
Et face à l’envers du décor
Plût au ciel que nul ne braconne
L’ouverture toute une vie
Est bien de la quête l’objet
Se mettre au vert rime à rêve
De créatures apprivoisées
Et face à l’envers du décor
Siffle sans fin la vipère
La vitre sert à réfléchir
On s’y découvre avec peine
Silhouettes ébauchées
Aux couleurs négligées
Et face au décor à l’envers
Une identité se morcelle
Le miroir tourne au végétal
On s’y sent pousser des racines
Notre torse devient tronc
Nos cheveux de vent ondulent
Mais toujours le décor s’inverse
Et la Nature se fait Moi
Je me baignais dans le paysage
La verdure creusait mon écrin
Loin du temps s’apaisait la fenêtre
Et soudain c’était l’autre côté
Dans l’envers de tout décor
Où j’ai fini par m’oublier
Ce texte a été écrit dans la perspective d’une publication des Ed Borromée, en vue d’une expo de Jean-Marc Saulnier