Pour renaître à l’enfance
Aux rêves d’un enfant
Il faut savoir traverser l’île
Trouver les mots qui vous ouvrent les grilles
Et clament l’humble triomphe des étangs
Et les mille et une merveilles
Qu’un trémail affairé abstrait de l’harmonie nocturne :
La précieuse collecte des coquillages d’or
Les bains de guitare aux accords de minuit
La pêche fabuleuse parmi les grappes charnues
Le salut de l’aïeul planté dans la terre féconde
Et déjà sous l’intraitable dieu de plomb
De tous côtés du bleu du bleu du bleu
A n’en plus pleuvoir
En ces temps un enfant était prince de la plage
Et tout prince un enfant des plages
Et les plages étaient désertes en ces temps-là
Et la plage en l’occurrence
Etait celle de Maguelone
Avec son sacré vaisseau de pierre
Dans son écrin végétal
Au cœur d’une île
Vouée jadis à d’autres seigneuries
A vol de flamant
On eût pu deviner dans le lointain
La volcanique agathoise
Rivale grecque d’alors
Avec ses droites filles de lumière
Vouées au destin souverain
Qui cultive les âmes sœurs
Et les conduit au pays de l’autre
Que l’on porte dès l’origine en soi
Plus de mille ans auparavant
Un enfant du retour de la pêche
Se fût étonné
De l’afflux de pèlerins
Bien au-delà des étangs de la ville neuve
Vers les collines désertes du Septentrion
Là où naissait une cité
Sous la tutelle d’un disque d’or
L’enfant a grandi
Les grilles sont ouvertes aujourd’hui
Là où le bleu s’unit au bleu
(Car tout instant a des saveurs d’éternité)
Pour qu’à l’instar des amants de légende
Le petit prince de Septimanie
Vînt retrouver sa Maguelone
A l’ami perdu laissons le mot de fin
Avec le temps va tout va bien.
Publié aux Eds Rivières à l’occasion du mariage d’André Fernandez et de Christine, avec la collaboration de Clarbous.