Blanche la pierre
Blanche la ville nue
Toute blanche la rue de terre battue

Noire l’ombre dans la rue d’ivoire
Noire la fille d’ombre dans les rues
Ombre la fille noire dans le silence de ces rues

Evidence blanche que cet être-là
Evidence noire cette présence
Et saisie-danse en la seconde d’éternité

Eternelles ses orbites en coin
Eternelles ses lèvres au sourire de vivre
De l’humble éternité du présent qui se fige

Lumineuse la place vibrante aux rayons de jais
Lumineuse l’épaule et lumineux le sein
La grâce d’ébène et la candeur mêlées

Toute simple de vie l’attente de nacre
Tout  de simplicité le spectacle de l’œuf
Comme semble aisé l’effort de la porteuse d’eau

Là-bas la vie se traverse en canot
Les os se coiffent sur la tête
Et l’on fixe un monde que l’on ne verra jamais

Mais ici déjà c’est quelque peu là-bas
Le noir est blanc et la lumière est noire
La surface déferle au rythme des tams-tams

Le nouveau présent est une rémanence

Tout le visible est dans un être-là

Ici c’est aussi la lumière du noir

 

 

Paru aux Éditions Rivières avec des interventions de Jacques Clauzel.