EPITAPHE
Dire qu’il y a 12 jours à peine
Je t’appelais pour t’annoncer
Que l’un des enfants de Jean Hugo
Souhaitait vivement te rencontrer
Pour t’entretenir de son père
Et de l’amitié qui le liait à ton cousin,
Pierre-André Benoit
Dont tu t’es efforcé
Des années durant
D’honorer la mémoire
Avec un certain succès
Tu t’es lancé avec sa muette bénédiction
Dans l’édition de livres d’artistes
Au début pour publier des inédits
De ton glorieux aîné
Mais impliquant très vite
Bon nombre de peintres et graveurs
Et de pas mal d’écrivains
Principalement des poètes
De sorte qu’en quelques années
Plusieurs centaines d’ouvrages ont vu le jour
Dont on louait la qualité
Que l’on exposait même
Un peu partout dans le pays
Jusqu’à ce que la terrible maladie
S’en vienne interrompre ton activité
Comme si l’année 2020 n’avait pas été suffisamment terrible
Et puis il y a eu ce coup de fil
D’Anne Slacik dont tu fus si proche
Et qui fut la première
A entrer dans ton jeu de nouvel éditeur.
Avant même qu’elle ne me l’annonce
J’avais compris
Que nos conversations seraient à jamais suspendues
Et que l’échéance que nous redoutions tant
Deux jours auparavant avec Anne-Marie
Etait à présent entérinée
Et qu’il faudrait apprendre dorénavant
A vivre sans toi
Pour tous ces livres ces belles rencontres
Ces visites du château de Rivières
Qui étaient devenues rituelles à la belle saison
Tous ces repas entre amis
Où tu nous expliquais ta démarche
Tes projets tes motifs de satisfaction
Tous ces coups de fil où nous refaisions le monde
Pour cette foi jamais prise en défaut
Pour cette fidélité et la confiance
Que tu témoignais à ceux que tu aimais
Ou appréciais
Je ne serai pas le seul
A te dire merci
Au nom des poètes et artistes
Que tu as sollicités
Ce fut un privilège de t’avoir connu
Et d’avoir pu travailler avec toi
Je dédie ce texte à ta fille Marie
Qui pourra s’honorer
D’avoir œuvré un temps à tes côtés
BTN le 13 décembre 2020.
